© Festival Berlioz – Bruno Moussier
Triptyque romantique au Festival Berlioz
Alexandre Valette - 27 août 2025
Dans la Cour du château Louis XI de La Côte-Saint-André au Festival Berlioz, Claire Gibault et son Paris Mozart Orchestra offrent un concert en clair-obscur entre romantisme, lyrique et intensité, réunissant La Jeune fille et la mort de Schubert, des mélodies de Berlioz interprétées par Victoire Bunel, et la 8e Symphonie de Beethoven
Dès La Jeune fille et la mort de Franz Schubert dans la version pour orchestre à cordes de Gustav Mahler, Claire Gibault donne une direction vibrante, presque chorégraphique. Sa gestuelle mêle élan ferme pour les accents, bras ouverts suspendus pour les passages plus lyriques, gestes de proximité pour les départs, jusqu’à chanter les phrases avec les musiciens. La texture sonore est ciselée, les transitions soignées, les dynamiques fouillées. Pour les mélodies de Berlioz, elle passe à la direction à la baguette, choix à la fois technique (changement de formation) et esthétique : la baguette permet une tension plus concentrée, un appui plus énergique pour soutenir la voix. Enfin, dans la Symphonie n°8 de Beethoven, la cheffe abandonne toute partition et établit un contact direct avec les musiciens. L’autorité est souple, généreuse, incarnée. La musique circule avec fluidité dans une battue ample, jamais raide, avec une attention constante à la respiration collective. À la fin du concert, elle descend de son pupitre pour remercier individuellement les musiciens, dans un geste de gratitude.
Le Paris Mozart Orchestra, sous l’impulsion de sa cheffe, s’investit pleinement dans la dramaturgie musicale. La phalange respire, les cordes s’articulent à l’unisson, les pupitres se fondent en un tout homogène, mouvant, contrasté sachant aussi bien faire preuve de souplesse que de dynamique. La cohésion reste solide, même si les projections visuelles sont moins convaincantes avec Beethoven. Pour les mélodies de Berlioz, les images illustrent les paysages du texte, prolongeant l’évocation poétique. Chez Schubert, des paysages de ruine dessinent peu à peu un univers spectral et sensuel.
C’est donc en deuxième partie que la mezzo-soprano Victoire Bunel entre en scène. Dès les premières notes, elle s’impose avec une projection assurée, une voix lyrique riche et des aigus puissants et justes. Le vibrato, souple et expressif, épouse un phrasé soigné, ponctué d’attaques délicates. Sa diction est claire, son engagement scénique manifeste : elle s’adresse directement au public, l’invite à entrer dans le texte. Les mélismes sont maîtrisés et soutenus par un accompagnement attentif. Sa ligne vocale est comme sculptée par sa main, en soutien constant de l’émotion.
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