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Sémélé de Handel

Crédit : Simon Gosselin

Foudroyée par Jupiter, “Sémélé” renaît de ses cendres à l’Opéra de Lille

08/10/2022 - Télérama - Sophie Bourdais

Quand le rideau se lève, le drame est déjà consommé : de la belle, l’amoureuse, la naïve Sémélé, figure mythologique et héroïne de l’oratorio de Georg Friedrich Haendel, ne reste plus qu’un tas de cendres fumantes. D’où émerge soudain, hébétée, incrédule, une jeune femme en nuisette. Enfermée dans la vaste pièce où elle est morte, Sémélé, ou plutôt son fantôme, n’a pas d’autre choix que de (se) rejouer les événements qui ont entraîné son décès prématuré. Ses fiançailles forcées avec le pâle Athamas, au désespoir de sa sœur Ino. Son enlèvement par Jupiter au milieu de la noce. Ses amours joyeuses avec le roi des dieux. Et la colère de Junon, bien décidée à pulvériser cette encombrante mortelle pour récupérer son époux… Tout recommence devant nos yeux, comme s’il s’agissait d’un cycle sans fin.

Depuis son époustouflant Saül, découvert au festival de Glyndebourne puis au Théâtre du Châtelet, on sait ce dont le metteur en scène Barrie Kosky est capable en matière d’oratorio haendélien. Il a monté en 2018, au Komische Oper de Berlin, cette ébouriffante Sémélé, découverte en streaming en 2021. Caroline Sonrier, directrice de l’Opéra de Lille, a eu une idée doublement heureuse : faire venir en France cette production éprouvée pour lancer sa saison, et demander à Emmanuelle Haïm, complice de Barrie Kosky sur d’autres mémorables spectacles, d’en assurer la direction musicale.